Les vérités qui fâchent

Le règlement intérieur du conseil municipal accordant aux groupes d’opposition la possibilité de poser trois questions orales dans l’année, les élus de Gleizé Renouveau ont interrogé le maire lors de la séance du 3 mai dernier à propos de plusieurs dossiers importants, dont l’échec ou le retard nuisent au bon fonctionnement et à l’image de notre commune : le Village Beaujolais, le collège Jacques Chirac, les travaux de la route de Grange Chervet ou encore la ZAC de la Collonge (voir PV officiel p25).

Le maire avait alors choisi de reporter sa réponse au conseil suivant, estimant ne pas avoir eu le temps de réunir les éléments pour la préparer. Mais il a ensuite décidé de ne pas organiser de conseil municipal au mois de juin, peut-être pour mieux se consacrer à sa candidature aux élections départementales…

Il a donc présenté sa réponse à la question posée 2 mois après, lors de la séance du 5 juillet dernier, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette réponse n’en était pas une, mais plutôt un exercice de défoulement au cours duquel le maire a fait état de beaucoup de mépris et d’arrogance à l’égard des élus d’opposition (voir PV officiel p26).

Qualifiant la question posée de « fourre-tout mélangeant […] des contre-vérités, des approximations, des confusions et des interprétations fallacieuses », il a accusé les élus de Gleizé Renouveau de faire preuve d’ignorance, voire de malveillance, agitant à mots couverts la menace d’un recours en justice à leur encontre. Face à de telles accusations, il nous paraît important et nécessaire de faire une mise au point sur la façon dont nous envisageons notre rôle.

Il est de notoriété publique que plusieurs dossiers gérés par la municipalité ont connu ces derniers mois ou ces dernières années des revers importants, qu’il s’agisse de retards dans leur réalisation ou d’échecs purs et simples, le dernier en date étant celui du collège Jacques Chirac. En tant que représentants de l’intérêt général, nous avons choisi de questionner le maire à ce sujet, même si nous pressentions que sa réaction serait vive. Fallait-il renoncer à évoquer ces sujets sensibles, au prétexte de ne pas faire de vagues ? Ce n’est pas notre conception de la démocratie, qui suppose que l’on puisse être en désaccord tout en se respectant, et donc, que l’on puise entendre la critique sans manier l’invective.

Le maire nous reproche notre méconnaissance des dossiers, ce qui n’est vrai qu’en partie, mais à qui la faute ? Par exemple, la commission Urbanisme n’a pas été saisie des travaux de la route de Grange Chervet ou du projet d’implantation du collège Jacques Chirac, et pour cause : elle n’a pas été réunie une seule fois depuis le début du mandat !

Quand il ne noie pas le poisson par de longs développements qui n’ont rien à voir avec la question posée (comme ses diatribes à l’égard de M. Thien, qui l’a battu d’une courte tête aux élections départementales) le maire ne répond sur les dossiers évoqués que par des développements techniques ou juridiques, pour mieux en conclure que sa gestion et celle de son équipe sont exemptes de tout reproche. Manifestement, la modestie et le sens de la remise en question ne sont pas ses qualités premières… A l’entendre, on pourrait même croire que les problèmes successifs qui ont valu à Gleizé plusieurs reportages dans les colonnes de la presse locale (lire ici, ici ou ) relèvent d’un complot de personnes mal intentionnées !

Or, nous réaffirmons ici que tous ces dossiers ont un point commun : leur gestion a particulièrement manqué de concertation et de dialogue avec les administrés concernés par les décisions prises. Le problème de l’implantation du collège Jacques Chirac ne venait pas du fait que le terrain proposé était inconstructible ou mal adapté, mais du fait que les propriétaires de ce terrain avaient un contentieux personnel avec le maire ! Quant aux travaux de la route de Grange-Chervet, les gérants du château de Vaurenard témoignent avoir été traités avec beaucoup de mépris, et ça ne s’est pas arrangé suite à l’effondrement d’une partie du mur d’enceinte du domaine.

Le maire affirme qu’il nous préférerait « opposition constructive, unanime à [ses] côtés quand il s’agit de projets structurants pour la commune, et défendant l’intérêt général, comme par exemple la ZAC des Charmilles ou le développement du centre-bourg ». Sur ce point, c’est bien lui qui ne maîtrise pas ses dossiers, car nous avons voté les délibérations concernant les deux projets qu’il évoque, en demandant pour le second plus de concertation avec les habitants impactés, tout comme nous avons voté en faveur des travaux de la route de Grange Chervet. Nous avons également soutenu sa démarche à l’encontre des projets d’implantation d’antennes-relais, en demandant là encore une réunion d’information à destination des habitants de Gleizé. Le maire nous reproche d’avoir la critique facile, alors que nous avons voté en faveur de plus de 80 % des délibérations qui nous ont été soumises, et que pour les autres, nous nous sommes souvent abstenus. En un an et demi de mandat, nous n’avons voté « contre » que 4 fois. Est-ce cela, la « lecture souvent partisane et polémique des choses » dont on nous accuse ?

La réalité, c’est que le maire préférerait une opposition au garde-à-vous, qui reste muette en conseil municipal, ne cherche pas à comprendre ce sur quoi on lui demande de se prononcer, et vote sans sourciller toutes les délibérations qui lui sont présentées. En bref, une opposition qui lui permette à moindre frais de donner l’illusion d’un fonctionnement démocratique du conseil municipal.

Cela bien sûr ne correspond pas à notre conception de la démocratie. Nous sommes résolus à poursuivre notre travail d’opposants, sans dogmatisme ni sectarisme, au service de l’intérêt général, au service des Gleizéenes et Gleizéens. Nous nous sommes présentés aux élections pour cela, nous y consacrons bénévolement notre temps et notre énergie, et nous n’entendons pas nous laisser intimider.

Emmanuel Dupit, Élise Petit et Alain Gay

 

PS : nous tenons à disposition de qui le souhaite l’enregistrement sonore intégral de cette séance, qui permet de sa faire une meilleure idée de la virulence des propos du maire, et qui livre plus de détails que la retranscription du PV officiel (envoyer une demande à contact@gleizerenouveau.fr)