Nouveau supermarché à Gleizé : un modèle de consommation en question

Le 11 juillet dernier, Emmanuel Dupit a alerté les membres du conseil municipal sur le manque d’infrastructures nécessaires pour faire face à la forte croissance de la population gleizéenne, conséquence de la multiplication des programmes immobiliers. Il en a profité pour rappeler qu’actuellement seul le bourg était véritablement équipé de commerces et de services de proximité. Interpellé, le maire lui a alors suggéré de s’intéresser au nord de la commune, où « un ensemble de commerces de proximité sort de terre ». De fait, l’opposition municipale a souvent répété qu’un centre commercial ne correspondait pas aux attentes spécifiques des habitants des quartiers avoisinants. Bien que seul le supermarché soit déjà ouvert, nous sommes allés voir sur place ce qu’il en était.

station essance

Ce qui saute aux yeux quand on arrive sur le site, c’est la bétonisation généralisée et la priorité donnée à la voiture, avec un parking sur plusieurs étages. Mais comment pourrait-il en être autrement, puisque ce type de commerce est destiné avant tout à des clients venant faire leurs courses pour la semaine, voire pour le mois ? Et si d’aventure un riverain venait faire une petite course de dépannage en vélo, il aurait le plus grand mal à stationner de façon sécurisée, puisque nous n’avons vu ni abri à vélo, ni emplacement dédié, ni même le moindre arceau permettant d’attacher son deux-roues. Interrogé, un responsable du magasin répond que rien de tel n’avait été prévu…pas d'arceaux pour les vélos

Passée la porte du magasin, une autre évidence s’impose : des publicités agressives, des rabais et des promotions à tous les rayons, et bien entendu l’inévitable carte de fidélité proposée en caisse, suivant une logique qui incite à consommer toujours plus, même au-delà des besoins réels ! Quant aux produits locaux, on a du mal à les trouver : la rayon vin ne met pas particulièrement en valeur les productions beaujolaises. La charcuterie est tout autant bretonne que régionale. Au rayon marée, un écran plasma géant projette des images idylliques de fonds marins, alors que ces derniers sont toujours menacés par la surexploitation, y compris par l’énorme flotte de chalutiers de la Scapêche, filiale du groupe Intermarché (lire ici).

rayon marée

Bref, les « producteurs commerçants » autoproclamés ne jouent pas particulièrement la carte de la proximité et s’approvisionnent surtout dans l’Ouest, à plus de 500 km de notre commune. Quant à l’emploi local, ce n’est pas mieux, puisqu’il est couramment admis que « trois emplois [sont] détruits dans le commerce traditionnel pour un emploi créé en grande surface » (lire ici).

modèle uniqueAu final, l’ouverture de cette enseigne, imaginée il y a plus de 30 ans par Mme Lamure, et dont le maire actuel fait l’acte de naissance d’une nouvelle ère (sic) pour les quartiers d’Ouilly et de la Chartonnière, donne plutôt l’impression d’une survivance du monde d’avant, un monde où la voiture est reine et le modèle consumériste la règle. Comme le disait Jérôme Monod, un proche conseiller de Jacques Chirac, « on ne répond pas aux besoins de demain avec les recettes d’avant-hier » (lire ici). Espérons que le reste du Village beaujolais, en cours de réalisation, saura contrebalancer cette mauvaise impression…

NB : toutes nos références sont tirées du quotidien économique Les Echos