Politique de ville : le nouveau contrat pourra-t-il relever le défi ?

les impasses

Intervention d’Alain Gay, élu Gleizé Renouveau, lors du conseil municipal du 4 mars 2023, à propos du Contrat de ville « Engagement Quartiers 2030 » porté pat la Communauté d’agglomération Villefranche Beaujolais Saône

Merci madame la 1re adjointe pour cette présentation.

Ce sujet délicat sera traité lors du Conseil communautaire de mercredi, et nous en feront alors une analyse complète et détaillée. Pour ma part, je vais me concentrer sur la situation des habitants les plus fragiles de notre commune, les familles gléizéennes de Belleroche, qu’elles résident aux Impasses, rue de Tarare ou à Carrière Chapelle.

Pour qui fréquente un tant soit peu ces secteurs, ou à défaut qui consulte les médias locaux ou les réseaux sociaux, le constat pour ces dernières années est particulièrement affligeant. Si j’avais un accès au vidéoprojecteur, je vous aurais préparé un diaporama qui illustrerait avec force évidence les réalités suivantes :

  • Sur cette première photo, vous pouvez constater à quel point l’entretien des abords des tours des Impasses est négligé : l’élagage des arbres, le ramassage des feuilles mortes, le curage des caniveaux, rien n’est fait dans les temps
  • Sur cette deuxième photo, vous pouvez observer à quel point les équipements sont en mauvais état. Les bancs sont vermoulus, les jeux d’enfant sont dégradés, quand ils ne sont pas dangereux
  • Cette image illustre les réparations qui trainent en longueur : le remplacement du chauffage, l’ascenseur cassé qui laisse une personne invalide prisonnière chez elle
  • Ici, on voit les poubelles qui débordent. On imagine bien les odeurs et les problèmes d’insalubrité que cela pose
  • Là, ce sont les trottoirs de la rue de Tarare, pleins de trous, impraticables pour les mères de famille avec poussette, sans parler de l’éclairage public défaillant car non entretenu
  • Que dire de la maison de quartier, point de vie essentiel, brulée il y a plus de 10 ans et jamais remplacée
  • On peut également évoquer la fermeture du bureau de poste, qui assurait également des services bancaires essentiels, et l’absence de commerces, ce qui oblige les habitants à de longs et couteux trajets en ville
  • Et sur ces tableaux, on peut voir à quel point le chômage reste massif, ce qui explique qu’un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté
  • Aux dernières élections municipales de Gleizé, le bureau de vote de La Claire a connu un taux d’abstention record : plus de 82% d’abstentions !
  • Au bout du compte, on se retrouve avec toujours plus d’incivilités, toujours plus d’insécurité, toujours plus de nuisances, toujours plus de communautarisme…

Malgré l’installation récente et très appréciée de la Maison de santé, les habitants se désolent d’une situation qui ne cesse de se dégrader, et ils se sentent littéralement abandonnés. Comment s’étonner dans ces conditions qu’ils participent si peu aux consultations citoyennes ? qu’ils se méfient de l’administration et des élus ?

Alors la faute à qui ? à l’Etat ? aux collectivités territoriales ? aux bailleurs sociaux ? A quoi ont servi les millions d’euros de la politique de la ville ? A limiter les dégâts ? A éviter le pire ?

M. Roméro, vous qui, sauf erreur de ma part, représentez la commune au sein du comité de pilotage, qu’avez-vous proposé pour que soit pris en compte la spécificité des secteurs Nord que constitue la partie Gleizéenne de Belleroche ? Quels échanges avez-vous eu avec les habitants ? Pensez-vous par exemple que la démolition d’un des 3 bâtiments de Carrière Chapelle suffira à améliorer leurs conditions de vie ?

Bien sûr, personne ne dira que mener une politique de la ville efficace, c’est facile. Personne ne dira que les intentions définies en 2015 n’étaient pas les bonnes. Mais quel échec tout de même ! Et le mea culpa qu’on peut lire entre les lignes du rapport « Engagement quartiers 2030 » est bien peu audible. Certes, les changements annoncés pour ce nouveau contrat de ville vont dans le bon sens. Et sa mise en œuvre va bénéficier de la rénovation urbaine en cours, du moins on peut l’espérer.

Mais comment croire que ce qui n’a pas marché toutes ces années va produire de meilleurs résultats demain parce qu’on a ajusté ici ou là nos manières de faire ? Pour notre part, nous espérions un changement plus radical de politique, un changement à la hauteur du défi que représente l’intégration de la frange la plus pauvre de notre collectivité. Hélas, ce n’est pas le cas, et pour cette raison nous nous abstiendrons sur cette délibération.

[Photo d’illustration : collection personnelle]