« Faible maturité administrative », un choix très politique

Alors que par deux fois, quelques jours avant les élections municipales de 2014 et de 2020, la CANOL, association de contribuables lyonnais, désignait Gleizé comme l’une des communes les mieux gérées du Rhône, apportant ainsi un sérieux coup de pouce à la majorité sortante, voici qu’aujourd’hui la Chambre régionale des comptes Auvergne Rhône-Alpes donne un tout autre avis, et pointe dans son rapport d’audit de nombreuses défaillances dans la gestion de la commune (à lire ici le rapport complet et là la synthèse). Alors comment expliquer une telle différence d’appréciation ?

Pour comprendre cela, il faut remonter aux années Lamure, qui fut maire de Gleizé de 1989 à 2015. Sous sa gouvernance, une part très significative du budget de fonctionnement était reversée au budget d’investissement. Ce choix était justifié par le fait qu’il permettait de maintenir un faible taux d’imposition et de réduire le recours à l’emprunt. L’encours de la dette par habitant en 2014 était de 68€, contre 870€ dans les communes de même taille, et le taux de la taxe d’habitation était de 9,8%, contre 14,5% en moyenne dans les communes comparables. Voilà pourquoi la CANOL applaudissait des deux mains. Mais à y regarder de plus près, ce choix politique est en fait particulièrement contestable.

D’abord, parce que n’importe quel gestionnaire vous dira que financer des projets de long terme (l’investissement) avec de l’argent de court terme (le fonctionnement) n’est pas une bonne pratique en soi, surtout durant toutes ces années où les taux d’intérêts étaient extrêmement faibles, voire négatifs ! Autrement dit, un « bon père de famille » n’économise pas sur le goûter de ses enfants pour acheter une voiture.

Ensuite, parce le budget de fonctionnement ainsi ponctionné ne permettait pas la mise en place de certains services rendus à la population, notamment ceux qui auraient permis une véritable politique sociale en direction des familles les plus modestes. Mme Lamure se justifiait en insistant sur le fait que Gleizé, faute d’activités économiques sur son territoire, était particulièrement « pauvre ». Mais pendant toutes ces années qu’elle était maire, la commune a perdu 10% de sa population, ce qui réduisait d’autant la base de calcul des dotations de l’Etat.

Enfin, et c’est peut-être le plus important, ces économies drastiques effectuées sur le fonctionnement se faisaient aussi au détriment du recrutement de personnels qualifiés. D’où cette critique sévère formulée par la Chambre régionale des comptes : « en définitive, la commune affiche une faible maturité administrative qui a des conséquences importantes sur la qualité de sa gestion et conduit à des irrégularités qu’elle doit impérativement corriger ». A tout vouloir contrôler elle-même, et malgré la bonne volonté de son directeur général des services d’alors, Mme Lamure a commis de nombreuses erreurs. Et lorsque M. de Longevialle, son premier adjoint, prendra sa suite en 2015, il poursuivra sur la même lancée.

Depuis la fin des années 2000, les élus de l’opposition ont réclamé en vain plus de transparence, la fin des transferts massifs du fonctionnement vers l’investissement, le recours raisonné à l’emprunt, ou pourquoi pas une petite augmentation des impôts locaux. A chaque fois, la majorité écartait ces propositions, avec le ton méprisant dont elle est coutumière. Lors de la campagne de 2020, notre colistier Sébastien Ollier* avait bien décrit la situation dans un article intitulé « Stop à l’hémorragie budgétaire pour financer l’investissement » (à lire ici, en 2e partie de la publication), et dans lequel il évoquait une « erreur manifeste de gestion et une mauvaise allocation des ressources versées par l’État ».

Ces deux dernières années, malgré l’absence persistante d’un programme pluriannuel d’investissement présenté en conseil municipal (problème également soulevé la Chambre régionale des comptes), on peut noter un infléchissement positif de la politique budgétaire menée par M. de Longevialle. Il faut dire que le financement des infrastructures nécessaires à l’accueil de 33% d’habitants supplémentaires sur la durée de son mandat (sic !) l’oblige à trouver de nouvelles marges de manœuvre. Par ailleurs, le recrutement récent d’un directeur financier et d’un responsable de la commande publique devrait permettre à la municipalité d’en finir avec une certaine forme d’amateurisme. C’est une bonne chose pour la commune.

Mais à vouloir justifier les pratiques du passé comme étant non pas la résultante d’une « faible maturité » mais simplement de « faibles moyens » disponibles, comme il l’a fait en conseil municipal le 5 juin dernier, M. de Longevialle fait mine d’oublier que la politique est avant tout une affaire de choix, et que ces choix, il faut les assumer. En ce sens, la Chambre régionale des comptes remet les pendules à l’heure. Et les 11 recommandations de son rapport d’audit, sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement, nous paraissent comme autant de balises sur le chemin que doit emprunter sans tarder l’exécutif municipal.

Alain Gay, conseiller municipal d’opposition depuis 2008

* depuis, M. Ollier a quitté le groupe Gleizé Renouveau pour rejoindre le groupe qui se dit « indépendant », mais qui vote sans aucune réserve tous les budgets proposés par la majorité…

Habiter la Chartonnière, un quartier où les habitants s’entraident

Issus tous les deux de la campagne, Estelle et Guillaume ont quitté Lyon il y a 9 ans en vue d’offrir un meilleur cadre de vie à leurs enfants. Initialement, leur installation à la Chartonnière était pensée comme un choix transitoire, avant d’acheter une maison en pierre dorée en zone rurale. Mais finalement ils ont trouvé plein d’avantage à vivre ici, alors ils ont décidé de rester…

Qu’est-ce qui vous plait dans votre quartier ?

La Chartonnière est un quartier multigénérationnel. Il y ceux qui se sont installés dans les années 80, et qui sont assez âgés aujourd’hui. Et les familles comme la nôtre, plus récemment installées. Ici, il y a une véritable solidarité entre les voisins. Il nous a été facile de lier des amitiés, grâce notamment à l’amicale Le Cerisier et à l’école du quartier. Ce qui donne une identité forte au quartier, c’est cette école. C’est un lieu privilégié de rencontre. Nous sommes nombreux sur des groupes WhatsApp, ça permet de se rendre des petits services et d’échanger des informations.

Vous ne vous sentez pas un peu excentrés ?

Non, pas particulièrement. Pour faire nos courses, nous sommes proches des commerces du nord de Villefranche. Nous n’avons rien contre le Village Beaujolais, mais nous aurions largement préféré un collège ! Pour les loisirs, nous allons souvent au petit théâtre du Bourg, en famille. La programmation est de qualité et ce n’est vraiment pas cher, surtout quand on regarde les tarifs ailleurs. Et puis nos 3 enfants sont chacun inscrits dans un des nombreux clubs de sport de la commune.

Quelles relations avez-vous avec la mairie ?

Mme Revoire, la directrice des services, est une personne très professionnelle. C’est un plaisir de dialoguer avec elle. Nous n’en dirons pas autant du maire, qui ne nous écoute pas. Il n’a même pas répondu à notre pétition pour faire ralentir la circulation route de Chantegrillet. Et sur le changement de nom de l’école, on l’a trouvé méprisant à notre égard, alors qu’on voulait juste conserver notre identité. Beaucoup de parents d’élèves ont trouvé ça dommage. Nous sommes navrés qu’il ne respecte pas davantage les électeurs !

Que souhaitez-vous pour l’avenir ?

Nous, on se définit comme plutôt écologistes. Alors le développement soudain de la commune nous inquiète un peu. En fait, on aimerait moins de béton et plus d’espaces verts. Il y a aussi la nécessité de faciliter les déplacements. On aimerait plus de transports en commun et pourvoir circuler à vélo en toute sécurité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Enfin, il y a la question de la pollution au plomb, liée aux rejets de l’usine Metaleurop*. Sans le document envoyé par l’ARS, on n’aurait jamais appris qu’il pouvait y avoir un risque à vivre par ici. On n’a pas fait tester nos enfants, parce qu’à la différence d’une analyse de cheveux, une prise de sang, c’est très intrusif. Et puis de toute façon, même si on détectait des traces de plomb, qu’est-ce qu’on pourrait y faire ?

* Estelle a été interviewé à ce sujet par une journaliste travaillant pour la BBC, à écouter en cliquant sur ce lien à 21:40 (en anglais) https://www.bbc.co.uk/sounds/play/p0fr4k5n

Habiter les Impasses, entre nostalgie et espoir

Claude habite depuis 45 ans dans la résidence des Mésanges, située dans ce quartier de Gleizé qu’on appelle « Les Impasses ». Retraité de La Poste, ancien conseiller municipal, il est aujourd’hui vice-président du Comité de défense des locataires de Belleroche, et membre du Conseil citoyen qui participe au grand projet de rénovation. Il nous livre ici son ressenti.

Es-tu satisfait d’habiter aux Impasses ?

Je ne veux pas quitter ce quartier. Il est très vert, proche de tout, et bien desservi par les transports en commun. Ici, je connais beaucoup de monde. Et puis je ne trouverai jamais moins cher ailleurs. En fait, on n’a pas l’impression d’habiter Gleizé. Les parents vont plutôt faire leurs courses au marché couvert et leurs enfants vont dans des écoles de Villefranche.

Que retiens-tu de ces 3 dernières années ?

La démolition de la grande barre, ça nous a touché, beaucoup de personnes ont dû déménager, soit rue de Tarare, soit à Arnas dans les nouveaux logements situés tout près de l’ancien site pollué de Metaleurop. Des relations ont été coupées d’un seul coup. Beaucoup de logements de type T2 ont disparu et maintenant il en manque .

Le quartier est de plus en plus marqué par le communautarisme, les habitants se regroupent surtout par origines. La fête des voisins, ça ne marche pas ici, les gens ne se parlent que lorsqu’il y a un problème.

La vie collective est plus difficile qu’avant, la situation se dégrade du fait de l’indifférence des locataires et du laisser-aller des bailleurs sociaux, comme l’OPAC ou Alliade, qui en font le minimum pour nous (lire ici). Pourquoi ? Quant à la mairie de Gleizé, elle n’intervient que très peu dans notre quartier, au motif que ce sont des résidences privées. Nous ne voyons les élus qu’une fois par an, à la réunion de quartier.

Comment vois-tu l’avenir ?

La rénovation du quartier de Belleroche, c’est très long ! Voilà 10 ans que cela a commencé. On ne nous consulte que très rarement. Du coup, il y a des rumeurs qui circulent.

A Gleizé, seuls les immeubles de Carrière Chapelle sont concernés par cette rénovation. La petite barre d’immeubles près du magasin Leclerc va être démolie, et le terrain racheté par ce dernier. Pour les Impasses les décisions sont remises à 2026.

Rue de Tarare, en face de la nouvelle boulangerie et de l’EPAHD, je suis plutôt inquiet des difficultés de circulation à venir, vu le nombre de constructions réalisées sur le site des Anciennes Filatures.

Les nouvelles constructions sur le site des Anciennes Filatures

Quels sont tes désirs profonds ?

Pour moi, ça a toujours été « l’humain d’abord ! ». Je souhaite que l’on arrive à vivre tous ensemble, dans le respect mutuel, parce qu’au fond on a tous les mêmes envies et les mêmes problèmes. Ce n’est pas une histoire d’appartenance ou non à une communauté. Je souhaite surtout que tous les habitants de la communes soient écoutés et respectés, y compris ceux qui résident à Belleroche.

Pollution au plomb : malgré les résultats de l’enquête, le déni continue…

Après avoir déclaré dans la presse que « toutes les analyses sont au vert », M. de Longevialle a affirmé en conseil municipal que les résultats des prélèvements de sols effectués sur la commune de Gleizé étaient « rassurants ». Dans le même temps, il a accusé les élus d’opposition, qui s’alarment de cette pollution, d’effrayer la population à des fins politiciennes.

Un comportement et des propos que nous condamnons fermement. D’abord parce que cela fait des années que l’opposition réclame des analyses pour mesurer la réalité de la pollution au plomb sur notre territoire. Et surtout parce que ces derniers résultats sont tout sauf « rassurants ». Ils montrent au contraire la persistance d’une pollution significative plus de 20 ans après l’arrêt de l’activité de fusion sur le site industriel  :

– sur les 20 prélèvements effectués sur le territoire de la commune de Gleizé lors des 3 campagnes menées en 2022, 6 dépassent le seuil de vigilance (100 mg de plomb / Kg de sol sec), soit presque un tiers ;

– et sur les 4 prélèvements effectués en décembre 2022 et directement supervisés par la DREAL, 2 sont au-dessus de ce seuil de vigilance.

M. de Longevialle ignore-t-il que quand le seuil de vigilance est dépassé, cela signifie que statistiquement 5 % des personnes vivant dans le secteur présentent un taux de plomb dans le sang supérieur à 25 µg par litre de sang ? Or comme le précise l’Inserm, le plomb a une toxicité dite « sans seuil ». Dès les premiers microgrammes, il a des effets délétères sur l’organisme. Chez les enfants, il provoque des troubles cognitifs plus ou moins sévères.

Alors il est grand temps de sortir du déni. Depuis l’éclatement de l’affaire en 1999, les responsables politiques locaux et les services de l’État se sont employé à minimiser l’ampleur de cette pollution. Les 300 enfants qui ont présenté une plombémie supérieure à 50 µg par litre de sang (seuil actuel du saturnisme) n’ont bénéficié d’aucun suivi particulier. Une note d’information invitant les riverains à prendre des précautions a bien été diffusée en 2001, mais depuis, plus rien. Beaucoup d’habitants installés depuis ignorent même l’existence de cette pollution. Or les résultats récents le montre bien : le plomb, une fois déposé sur le sol et sur les bâtis, reste où il est.

Si l’enquête environnementale et le dépistage sanitaire relèvent bien de la responsabilité des services de l’État (DREAL et ARS), un maire peut jouer un rôle déterminant : informer les habitants de la commune sur les précautions à prendre, les inciter à se faire dépister, demander au préfet de réunir la Commission de suivi de site conformément à la loi. Et peser sur la partie réglementaire du prochain PLUiH afin que les zones les plus à risque ne soient plus constructibles.

Avec le maire actuel de Gleizé, le compte n’y est pas…

Partir après toute une vie à Belleroche

Régine, ancienne employée de la Sécu, habite sa tour depuis 50 ans. Elle habitait déjà là quand elle a rencontré Robert, maitre-ouvrier de l’Éducation nationale. Le couple a eu un enfant, Yann, qui a connu toutes les écoles du quartier : Pierre Montet, puis Jean Bonthoux et enfin Maurice Utrillo.

« J’ai passé toute ma vie à Belleroche »

Avec l’âge, les problèmes de santé se font plus durement sentir. Les deux retraités restent actifs, mais ils se déplacent avec des béquilles, et Robert n’y voit plus clair. Si les corps sont usés, l’esprit, lui, reste vif. L’histoire de vie qu’ils nous racontent, pleine de bienveillance et de lucidité, pourrait être celle de beaucoup d’habitants du quartier.

L’entrée de la tour de Régine et Robert, au 456 de la rue Pierre Montet

Dans les années 80 nous disent-ils, la vie à Belleroche était particulièrement agréable. D’origines variées, les habitants du quartier bénéficiaient de nombreux services (poste, banque, caisse d’épargne, permanences de la Sécu et de la CAF, relais d’assistantes maternelle, crèche familiale, …) et de tout aussi nombreux commerces (alimentation, habillement, coiffure, fleuriste, bureau de tabac, pharmacie, …). Et il y avait même un marché sur la place centrale le samedi matin. Le quartier disposait également d’un centre médical, d’une maison de quartier, d’une église, d’un stade et d’aires de jeux pour les enfants.

 « Les relations de voisinage sont paisibles »

La situation s’est dégradée progressivement. Une partie de la population, qui en avait les moyens, est partie s’installer ailleurs, et elle a été remplacée par des familles nettement plus modestes, marquées par le chômage et la précarité économique. L’origine maghrébine ou turque de ces nouveaux habitants n’a pas posé de problème à Régine et Robert. Ils entretiennent de bonnes relations avec tous leurs voisins, dont les enfants n’hésitent pas à les aider à monter leurs courses.

Un quartier plutôt agréable, mais dont les habitants se sentent abandonnés par les pouvoirs publics

Non, le plus difficile pour notre couple de retraités, ce n’était pas l’apparition du voile ou la difficulté à rencontrer les mamans à la sortie des écoles et les impliquer dans la vie du quartier, mais la disparition des centres de vie. Comme l’église, la plupart des commerces et services ont fermé. La maison de quartier a brûlé. Régine et Robert ont bien participé à quelques mobilisations, notamment pour éviter la fermeture de la poste. Mais ces démarches n’ont pas permis d’inverser la tendance. Avec l’augmentation des incivilités et la dégradation du cadre de vie, les habitants, pour la plupart résignés, ont fini par penser que leur quartier était abandonné par les pouvoirs publics (dont la mairie) à un triste sort de cité dortoir.

« Je n’en dors plus la nuit »

Et puis est apparu ce projet de rénovation voulu par l’Etat, avec des promesses de vie meilleure à la clé : un quartier attractif, dynamisé, ouvert sur la ville, avec de nouveaux commerces et services. Un quartier moins dense, avec une plus grande mixité sociale. De quoi redonner espoir. Mais il a fallu vite déchanter. Ni consultés ni informés (leur demande de participation au Conseil citoyen est resté sans réponse), Régine et Robert apprennent « par la bande » que la tour voisine va être démolie. Et puis patatras ! Il y un an et demi, ils reçoivent l’information officielle de leur bailleur (Alliade habitat) que c’est en fait leur tour qui sera démolie, et qu’il leur faudra déménager. Le traumatisme est sévère. Comment mettre en cartons toute une vie, quand on a déjà du mal à assurer le quotidien ? Et pour aller où ? Ce quartier, malgré son évolution négative, ils y tiennent. Régine en perd le sommeil…

Tous les habitants de la barre des Cygnes n’ont pas été correctement relogés

C’est alors qu’un représentant d’un cabinet conseil vient chez eux pour les interroger sur leur situation financière et sur leurs vœux en matière de relogement. Au-delà de la simple application de la loi, qui prévoit notamment le maintien de la surface et du loyer, Régine et Robert insistent sur la nécessité, vu leurs difficultés à se déplacer, d’avoir un accès de plein pied pour l’ascenseur, pas trop loin d’une place de parking, et de disposer d’une douche plutôt que d’une baignoire. Ils tiennent également à rester sur l’agglomération de Villefranche. Mais six mois plus tard, les 3 offres de relogement qu’on leur propose ont un accès à l’ascenseur avec un demi-étage. Puis six mois après, on leur propose un logement à 600 mètres du premier parking. Enfin, récemment, on leur propose un logement adapté, mais le loyer est le double de celui actuel. Ils ont pensé à acquérir un appartement dans les petits immeubles qui vont être reconstruits sur place, mais le prix de l’immobilier a explosé. Et puis de toute façon, on leur a dit qu’ils n’étaient pas prioritaires… Le représentant du bailleur leur a promis de repasser à la fin de l’été, mais ils attendent toujours. Or plus l’échéance de la démolition approche – sans doute fin 2023 – plus l’angoisse augmente.

«Aujourd’hui nous n’avons plus d’espoir »

Alors maintenant pointe la colère, et les remarques fusent. Pourquoi démolir des logements de qualité, en bon état, récemment isolés thermiquement et équipés de panneaux solaires, tout ça pour construire une route de peu d’intérêt ? Pourquoi nous obliger à partir, alors que l’on est âgés et que l’on ne veut pas perdre les liens que nous avons tissés avec nos voisins toutes ces années ? Comment se résoudre à perdre notre magnifique vue du 7ème étage, la verdure environnante, l’air peu pollué, pour aller habiter entre une voie ferrée et un boulevard surchargés de circulation ? Pourquoi personne ne nous vient en aide, ne serait-ce que pour un soutien psychologique ? Avec la démolition de la barre des Cygnes, on a bien vu que beaucoup de personnes n’avaient pas trouvé de solutions de relogement satisfaisantes. Cette opération de rénovation, c’est une question de gros sous entre élus, architectes et promoteurs immobiliers. Cela génère beaucoup de communication. Mais les drames humains que cela engendre sont complètement occultés !

La vue imprenable depuis l’appartement de Régine et Robert, que beaucoup leur envie !

Après toute une vie passée à Belleroche, Régine et Robert vont devoir quitter leur quartier à contrecœur, organiser dans la douleur physique et psychologique un déménagement qu’ils redoutent, et s’installer dans un nouveau logement qui n’aura certainement pas toutes les qualités requises, et peut-être éloigné des implantations dont ils jouissent actuellement : leur médecin, leur pharmacie, la petite supérette… A 75 ans passés, ils aspiraient à une fin de vie paisible. Ce ne sera pas le cas. Comme si l’on n’avait tiré aucune leçon des rénovations urbaines déjà réalisées, qui avaient pourtant montré l’importance cruciale d’un traitement conséquent de la question sociale.

A Belleroche, l’épineuse question des déchets

Mercredi 5 octobre, un forum autour de la question de la réduction des déchets était organisé au cœur du quartier de Belleroche, sur le site de l’ancienne barre des Cygnes.

L’occasion pour Gleizé Renouveau de constater que les habitants se préoccupent de ce sujet, comme en témoigne l’implication dans cet événement de plusieurs jeunes du quartier, et la présence de nombreux enfants, attentifs aux informations sur le tri sélectif et le compostage. Des habitants ont aussi pu échanger avec les animatrices de l’association Récup et gamelles, qui proposaient des recettes anti-gaspi aussi délicieuses que vertueuses.

Maryse Dondé, co-présidente de l’association, et Emmanuel Dupit, conseiller municipal et communautaire, ont aussi pu échanger avec les professionnels de terrain, ambassadeurs du tri ou éducateurs du quartier. Des échanges qui confirment que les habitants de Belleroche sont dans leur grande majorité sensibles à la problématique des déchets et ne demandent qu’à y apporter des solutions si on les écoute et les accompagne.

De ce point de vue, la suppression de la collecte des encombrants n’est pas la solution, car si tout le monde connaît l’existence de la déchèterie communautaire, beaucoup n’ont pas de solution pour s’y rendre et y déposer leurs encombrants. Et si la solidarité existe, elle ne peut suffire à pallier les carences des délégataires et de la collectivité qui les mandate. L’Agglo s’était engagée à trouver des solutions pour remédier à ces difficultés, mais force est de constater que trois mois après l’application d’une décision aussi brutale qu’inefficace, rien n’a été fait pour y parvenir.

Les habitants de Belleroche continuent donc à subir un cadre de vie très dégradé, qui ne serait toléré dans aucun “beau quartier” de notre territoire…

Nouveau supermarché à Gleizé : un modèle de consommation en question

parking

Le 11 juillet dernier, Emmanuel Dupit a alerté les membres du conseil municipal sur le manque d’infrastructures nécessaires pour faire face à la forte croissance de la population gleizéenne, conséquence de la multiplication des programmes immobiliers. Il en a profité pour rappeler qu’actuellement seul le bourg était véritablement équipé de commerces et de services de proximité. Interpellé, le maire lui a alors suggéré de s’intéresser au nord de la commune, où « un ensemble de commerces de proximité sort de terre ». De fait, l’opposition municipale a souvent répété qu’un centre commercial ne correspondait pas aux attentes spécifiques des habitants des quartiers avoisinants. Bien que seul le supermarché soit déjà ouvert, nous sommes allés voir sur place ce qu’il en était.

station essance

Ce qui saute aux yeux quand on arrive sur le site, c’est la bétonisation généralisée et la priorité donnée à la voiture, avec un parking sur plusieurs étages. Mais comment pourrait-il en être autrement, puisque ce type de commerce est destiné avant tout à des clients venant faire leurs courses pour la semaine, voire pour le mois ? Et si d’aventure un riverain venait faire une petite course de dépannage en vélo, il aurait le plus grand mal à stationner de façon sécurisée, puisque nous n’avons vu ni abri à vélo, ni emplacement dédié, ni même le moindre arceau permettant d’attacher son deux-roues. Interrogé, un responsable du magasin répond que rien de tel n’avait été prévu…pas d'arceaux pour les vélos

Passée la porte du magasin, une autre évidence s’impose : des publicités agressives, des rabais et des promotions à tous les rayons, et bien entendu l’inévitable carte de fidélité proposée en caisse, suivant une logique qui incite à consommer toujours plus, même au-delà des besoins réels ! Quant aux produits locaux, on a du mal à les trouver : la rayon vin ne met pas particulièrement en valeur les productions beaujolaises. La charcuterie est tout autant bretonne que régionale. Au rayon marée, un écran plasma géant projette des images idylliques de fonds marins, alors que ces derniers sont toujours menacés par la surexploitation, y compris par l’énorme flotte de chalutiers de la Scapêche, filiale du groupe Intermarché (lire ici).

rayon marée

Bref, les « producteurs commerçants » autoproclamés ne jouent pas particulièrement la carte de la proximité et s’approvisionnent surtout dans l’Ouest, à plus de 500 km de notre commune. Quant à l’emploi local, ce n’est pas mieux, puisqu’il est couramment admis que « trois emplois [sont] détruits dans le commerce traditionnel pour un emploi créé en grande surface » (lire ici).

modèle uniqueAu final, l’ouverture de cette enseigne, imaginée il y a plus de 30 ans par Mme Lamure, et dont le maire actuel fait l’acte de naissance d’une nouvelle ère (sic) pour les quartiers d’Ouilly et de la Chartonnière, donne plutôt l’impression d’une survivance du monde d’avant, un monde où la voiture est reine et le modèle consumériste la règle. Comme le disait Jérôme Monod, un proche conseiller de Jacques Chirac, « on ne répond pas aux besoins de demain avec les recettes d’avant-hier » (lire ici). Espérons que le reste du Village beaujolais, en cours de réalisation, saura contrebalancer cette mauvaise impression…

NB : toutes nos références sont tirées du quotidien économique Les Echos

A Gleizé, l’insécurité est aussi sociale !

Le maire de Gleizé déploie beaucoup d’énergie et fait jouer ses réseaux pour obtenir la mise en place de la vidéosurveillance sur le territoire communal (Cf. article paru dans le Patriote). Mais il n’avance aucun chiffre sur le “sentiment d’insécurité” qu’il invoque pour justifier sa décision, alors qu’un récent rapport du Centre de Recherche de l’École des Officiers de la Gendarmerie Nationale (lire ici la synthèse) conclue que cette technique ne contribue à résoudre les affaires judiciaires que dans environ 1% des cas.

Cette année, ce ne sont pas moins de 215.000 € qui ont été votés par la majorité municipale  en vue de mettre en place cette vidéosurveillance, soit plus de 5 fois la subvention versée au Centre Communal d’Action Sociale, chargé de venir en aide aux familles gleizéennes en situation de précarité.

A Gleizé Renouveau, nous pensons qu’en ces temps où les coûts des produits de première nécessité s’envolent (énergie, alimentation…), la première des sécurités consiste à pouvoir boucler ses fins de mois, sans se demander comment subvenir aux besoins fondamentaux de sa famille. C’est pourquoi nous réclamons une politique qui prenne en compte la sécurité de façon globale, sans dogmatisme ni surenchère sécuritaire.

(photo : www.gouvernement.fr)