Lettre ouverte à Pascal Ronzière, président de l’Agglo Villefranche beaujolais
Monsieur le Président,
Le 6 mars 2024, le Conseil de l’Agglo. Villefranche que vous présidez a validé sa signature au bas d’un acte d’Obligation Réelle Environnementale – ORE (1), contracté avec l’entreprise Plattard pour les 30 ha de terrain qui vont être exploités en gravière pendant 30 ans afin de produire du béton. Premier paradoxe apparent : donner à voir de la « réparation écologique » pour un projet qui va prolonger une activité – la fabrication de béton – grosse émettrice de gaz à effet de serre ! Mais ce n’est pas tout. La signature de cette ORE essaie de masquer le même type d’actions climaticides et biocides : à Limas une gravière pour 30 ans de béton, au Bordelan d’Anse, le vieux projet ressuscité de construction du port fluvial soutenu par l’Agglo. Villefranche (membre du syndicat mixte du Bordelan maître d’œuvre) induira une n-ieme compensation (2) pour la destruction de deux « Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique » (ZNIEFF), une zone sensible et une zone humide au Bordelan à Anse.
Alors que le chaos climatique s’intensifie (3) induisant entre-autre de probables plus graves crises hydriques dans le futur de nos territoires (sécheresses prolongées ou inondations destructives), et que le bilan des compensations des atteintes à la biodiversité établi par des chercheurs du Muséum national d’histoire naturelle est édifiant (4), il n’est plus acceptable de soutenir de tels projets !
Enfermée dans ses certitudes croissantistes, la majorité politique de l’Agglo que vous animez renforce l’hypothèque sur le futur de notre territoire … mais aussi l’engraissement immédiat des entreprises financières et industrielles qui « investissent » dans ce secteur économique … mais pas l’intérêt général.
Monsieur le Président, décidons maintenant d’un futur vivable : l’heure est aux réorientations vers une économie locale de décroissance matérielle, de collectivisation ou communalisation (Société Coopérative d’Intérêt Collectif – SCIC, régies publiques de collectivités, …) des propriétés et activités humaines, de refontes de nos relations au vivant, de coopérations humaines et des territoires.
Bâtir et rénover, s’alimenter, habiter, se ressourcer dans la nature, vivre … ! Que vivent cent SCICs et régies publiques frugales dans notre territoire !
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos cordiales salutations
Thierry Girardot, Firouse Kherra, Andréas Agathocléous, Yves Wakosa, Michèle Montagnier, Emmanuel Dupit, Alain Gay et Alain Betant (actuels et anciens élus locaux)
(1) ORE : https://www.ecologie.gouv.fr/obligation-reelle-environnementale
(2) Depuis la « Loi sur la biodiversité » d’août 2016, tous les projets d’aménagements doivent compenser les atteintes occasionnées à la biodiversité. Hélios Fiducie conduira le programme de compensation. Lien voir Bordelan page 11.
(3) Le mois de janvier 2024 s’achève avec un nouveau record : jamais, depuis le début des relevés météo, un mois de janvier n’avait été aussi chaud dans le monde. Comparé à la moyenne 1991-2020, l’écart est de +0,7 °C, mais comparé à l’ère préindustrielle qui fait référence pour estimer l’évolution du réchauffement climatique, janvier présente un écart de +1,66 °C. De février 2023 à janvier 2024, l’écart à la moyenne 1850-1900 est de 1,52 °C sur toute la période. Le seuil de l’Accord de Paris est donc atteint, et même, légèrement dépassé. Lien
(4) le maigre bilan des mesures de compensation pour la biodiversité : dans 80 % des cas, les mesures de réparation prises par les maîtres d’ouvrage ne compensent pas les destructions des milieux naturels, estiment les chercheurs du Muséum national d’histoire naturelle et d’AgroParisTech. Lien