Le 18 décembre 2024, Emmanuel Dupit, élu Gleizé Renouveau, est intervenu en conseil d’Agglo à propos du Schéma directeur des énergies proposé par l’exécutif communautaire :
Monsieur le Vice-Président,
Comme cela est souligné dans la délibération qui nous est soumise, le Schéma Directeur des Énergies est une composante du Plan Climat Air Énergie Territorial, dont les objectifs sont de réduire de 22 % la consommation énergétique de notre territoire par rapport à l’année de référence (2015), ce qui correspond à une diminution de 391GWh, et les émissions de Gaz à Effet de Serre de 23 % par rapport à la même année de référence, soit 71 KtéqCO21 en moins. Or, comme cela avait été souligné au moment de l’adoption de ce PCAET2 en 2020, ces objectifs sont déjà minimalistes, si on les compare à ceux de la Stratégie Nationale Bas Carbone, issus de l’Accord de Paris, qui sont quasiment doubles, puisqu’ils équivalent à une réduction de 123 ktéqCO2 entre 2015 et 2030 ! Nous constatons avec déception que presque 5 ans plus tard, dans un contexte d’aggravation de l’urgence climatique, ces objectifs n’ont pas été rehaussés.
Certes me direz-vous, cette stratégie est basée sur des ratios nationaux, mais ces derniers ne sont pas déconnectés des réalités de terrain : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs » disait il y a plus de 20 ans un certain président de la République, qui n’est pourtant pas une de mes références ! Certes, comme cela avait été dit lors du débat sur les mesures compensatoires au projet de gravière du Bordelan, nous ne serons plus là en 2050 pour mesurer les effets de nos politiques, mais nos enfants et petits-enfants, eux seront là, et ils les subiront ! Alors au regard de ces enjeux, nous ne pouvons pas nous payer le luxe de nous passer de certaines ressources, ni de certains leviers d’action !
Pourtant, si deux des trois socles de votre projet sont consacrés au développement des Énergies Renouvelables, c’est avant tout pour insister sur leur encadrement, ce qui en plus d’être redondant, constitue un signal bien peu positif pour l’exploitation de cette ressource, la seule à pouvoir assurer une énergie décarbonée et sécurisée.
Le document que vous nous présentez affirme par ailleurs : « Afin d’encourager la sobriété des usages et de participer à l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, plusieurs actions seront menées, notamment une sensibilisation des entreprises aux économies d’énergie » : objectif là aussi bien minimaliste, au regard de ce qui aurait pu être prévu par le PLUiH3, comme j’ai eu l’occasion de le dire le 9 octobre dernier. Dans le même ordre d’idée, il est évoqué une « sensibilisation de l’ensemble des ménages aux éco-gestes, de la moitié des entreprises du secteur tertiaire » : on est en droit de se demander pourquoi seulement la moitié ! Les actions de sensibilisation ne sont a priori pas les plus coûteuses ni les plus difficiles à mettre en place, même s’il faut avoir en tête que nous n’inverserons pas la courbe du réchauffement climatique avec des « petits-déjeuners éco » !
En ce qui concerne les énergies de récupération, qui apparaissent enfin comme distinctes des énergies renouvelables, bien qu’elles leur soient complémentaires, votre projet mentionne un « faible potentiel pour la récupération de la chaleur fatale, ce potentiel restant entièrement à explorer car aujourd’hui non exploité » : cela me semble être l’archétype du raisonnement par l’absurde ! Pourquoi ne pas se donner les moyens de l’exploiter plutôt que de constater qu’il ne l’est pas pour en déduire qu’il n’a que peu d’intérêt ?
En conclusion, si nous saluons dans votre volonté de développer le potentiel de production du biogaz une avancée par rapport au débat tenu il y a un an sur les ZAEnR4, le Schéma Directeur des Énergies que vous nous présentez ce soir après plus de trois ans de réflexion nous laisse la désagréable impression que peu de choses ont évolué dans votre stratégie depuis le début du mandat, alors que pas une semaine ne passe sans que l’actualité tragique nous rappelle la nécessité d’agir vite et de manière ambitieuse face au changement climatique.